J'arrivai le 1er septembre, libéré de mes occupations
d'enseignant, avec le matériel scientifique de Moore. Il m'avait décroché la
subvention de l'université, ce qui augurait d'un bon départ pour ma
participation à cette expédition.
Je fus accueilli par monsieur Bûcher, un belge jovial et
extraverti me promettant de me sauver la vie. Je découvris que j’avais mal
compris son nom, qui était Benjamin Pire
(Pyre : bûcher en anglais) Il avait visiblement quitté le symposium
des pots de chambre de Boston pour rejoindre l’expédition, un geste apprécié de
Moore. Engagé en tant qu'homme de camp, qualités requises : débrouillardise,
touche-à-tout, vif... Gestion de l'équipement, spécialiste de l'adaptation au
froid, il viendra visiblement testé ses nouvelles inventions pour accroître une
réputation pour l’instant très confidentielle.
Le soir, une grande réunion réunissant la plupart des
membres de l'expédition, permis d'avoir une meilleure idée des ressources en
hommes et en matériel dont 3 avions avec suffisamment de carburant pour faire
le tour du monde pour chacun. Testés par mademoiselle Starlight, une célèbre
pilote qui eu du mal à trouver sa place.
Néanmoins, il semblerait qu'une bonne partie du matériel ne soit pas
encore arrivée.
Moore repris la parole afin de présenter l'expédition : le
départ de l'antarctique était prévu pour le 1er février. Trois autres
expéditions devaient nous rejoindre sur le continent et Starkweather tenait à
éviter les autres expéditions, qui ne semblaient pas vouloir partir dans la
même direction de toute façon. Les expéditions en question étaient les
suivantes : Burle, Hellswaurth, Barsmeir – Falcon (un consortium allemand).
Moore fit passer une série de liste de tâches afin hâter le
départ de l'expédition, prévu dans deux semaines. Il me confia d'accueillir
personnellement le capitaine Douglas, capitaine de la précédente expédition. Ce
dernier tenait à taire toute publicité et je devais l'emmener directement à
l'hôtel. J'en profitais pour demander des renseignements sur les autres
survivants, mais Peabody avait refusé catégoriquement de venir et les autres
n'avaient pas semblé intéressés pour reprendre du service.
D’après ce que j’entendis Starkweather organise et paye le
matériel au début, et alors que l'argent commençait à se tarir Moore pris plus
de contrôle sur l'organisation. Starkweather devient de plus en plus présent
dans la presse, s'occupant de la publicité (entre autres, je pense, pour
obtenir des fonds supplémentaires).
2 septembre :
Partant pour notre visite médicale et l'essayage de nos
vêtements, Pire, Starlight et moi-même traversâmes à pied les docks jusqu'au
quai où se trouvait notre navire. La sécurité ne semblait pas extraordinaire.
La visite médicale fut rapide pour tout le monde. Ensuite nous attaquâmes de
vérifier le matériel. Les caisses de guitares ont été cassées, les harmonicas
volés et le médecin cachait 2 bouteilles de whisky volées dans les stocks avec
les menottes et camisole et force.
Durant le déjeuner je parlais de mes recherches sur la
précédente expédition. Notre ami belge suggéra que les blessures décrites par
l'expédition ressemblaient étrangement à la description des créatures trouvées
par Lake. Je ne pus lui offrir plus d'information sur les mythes et cultes
auxquels faisaient référence le responsable de la précédente expédition car je
n'avais pas trouvé de référence dans les bibliothèques de l'université.
Après le déjeuner, j'allais chercher le commandant Douglas
que j'emmenais dans un petit bouge au bord des quais de Manhattan. Sec, froid,
et visiblement peu causant, je le laissais avec les prostituées avant de
rejoindre mes compagnons à la visite chez le dentiste. Le reste de la journée
fut passez à vérifier les listes, tout comme certains des jours suivants.
Visiblement Starkweather avait fait de nombreuses erreurs dans les commandes,
quantités et lieux de stockage. Outils de réparation de bateaux à la place de
ceux pour avion, portes de cages trop grandes pour les cages à chiens,
chocolats dans les boites d'appareils photos …
3 septembre :
Vers 5 – 6 heures du matin, Starkweather hurla dans l'hôtel
et le bruit d'une porte défoncée se fit entendre. Il essayait de réveiller
Moore, et pénétra de force dans la chambre de son coéquipier. Il jura,
invectiva, insulta à propos d'une sorcière qui serait responsable de tous les
problèmes de l'expédition. Il jeta un journal avant d'avancer le jour de départ
au 9 septembre. L'article annonçait le départ d'une cinquième expédition pour
l'antarctique, subventionnée et menée par Acacia Lexington, une riche
aventurière voulant être la première femme à atteindre les terres inexplorées
du pôle sud. Visiblement, le capitaine la soupçonnait d'être responsable des
erreurs de livraison et des sabotages dont avait été victime notre équipe.
Au matin,
Starkweather confirma la présence de miss Starlight dans l'équipe et décida de
s'en servir comme arme dans la presse pour contrer les remarques concernant les
capacités des femmes et le fait d'être la première femme en antarctique.
4 Septembre :
Notre belge nous rapporta qu'il avait reçu une lettre de
menaces, pour lui une tentative de nous effrayer de la part de Lexington, pour
moi celles d'un fou ayant trop crut aux élucubrations de Lake. Moore confirma
qu'ils avaient reçu des dizaines de lettres de menaces, dont certaines
d'associations chrétiennes parlant du trône de Dieu.
Les journaux du lendemain présentaient Ann comme la nouvelle
égérie de l'expédition, voir la fiancé du capitaine. La campagne publicitaire
avait très bien marché.
Angie Bronson (la future grand-mère de Richard, le patron de Virgin). Fille d'un riche entrepreneur décédé, héritière de sa fortune, Angie est une jeune aventurière et une pilote d'avion émérite. Nous lui avons posé quelques questions concernant sa participation à l’expédition Burle.
NY : Que pensez-vous du fait que vous ne serez que la troisième femme à conquérir l’antarctique ?
AB : Je n’en rien à faire. Je suis heureuse de participer à une grande aventure, de dépasser mes limites, de dépasser les limites de l’être humain. Comme l’a déclaré Miss Lexington, je suis contente que des femmes puissent participer à des expéditions comme celles-ci et prouver qu’elles sont l’égal des hommes en tout point.
NY : Comment progresse le lancement de votre propre expédition ?AB : Nous avons quelques retards, mais rien de surprenant pour une expédition de cette taille.NY : Ne comptez-vous pas accélérer les choses pour rattraper les autres expéditions ?AB : Nous ne nous faisons pas concurrence, nous n’avons pas les mêmes objectifs et ne comptons pas aller aux mêmes endroits.
5 septembre :
Les journaux annoncèrent que le commandant Douglas, ancien
commandant du brick Arkham, avait rejoint l'expédition
Starkweather-Moore. Mais au lieu d'être un consultant, il semblait qu'il allait
prendre le commandant de notre navire. Doté d'une grande expérience de la mer
et des expéditions en tant que lui-même aventurier, il serait certes un atout
pour l'expédition mais que penserait l'équipage d'une telle décision.
Dans la journée, Pire fit une déclaration aux journalistes
concernant les problèmes de l'expédition Starkweather – Moore – Pire.
6 septembre :
Les dirigeants de l'expédition étaient absents. Après plus
d’une heure d’attente, je pris les devants, en tant qu’assistant du professeur
Moore, et attribuait à tous des listes de tâches à faire tirées des paquets du
prof. Je n’avais pas vraiment une quelconque autorité officielle, mais Sykes
(le chef des guides et donc 3e dans la pseudo – hiérarchie de
l’expédition) soutint ma position.
Mais alors que les premières équipes partaient, une terrible
nouvelle nous vint. Des journalistes arrivèrent avec le journal du matin, et un
article nous concernant sur lequel ils voulaient interrogés les chefs de notre
expédition. Le commandant Douglas avait été assassiné. Sur les docks, près de
l’hôtel où il logeait, il avait été attaqué et jeté à l’eau. Deux passants le
sortirent des eaux mais ne purent rattraper l’agresseur ou sauvé le capitaine.
Nous réunissant avec Peter Cykes, le chef des guides, et le
chef de sécurité Packard nous discutâmes de nos soupçons concernant de
possibles saboteurs. Plusieurs évènements étranges avaient frappé l'expédition
et maintenant un meurtre. A part moi et les chefs d'expédition, personne ne
semblait au courant de l'arrivée de Douglas et sa présence dans les bas-fonds.
Ils promirent de garder l'œil pendant que nous allions au commissariat pour
avoir un peu plus d'information.
Pire tint absolument à
rencontrer les deux marins de l'article, mais ils ne nous apprirent rien
de plus que la presse. L'inspecteur Hansem me fit poireauter pendant 3 heures
mais ne m'appris quoique ce soit d'utile. Il me fit suivre mais je repérais le
policier et le confrontais. La queue entre les jambes il repartit faire un
rapport alors que je retournais au bateau. Au final, le plus important de cette
mâtinée fut que les policiers du quartier de Battery utilisent les menottes à
ressort du Professeur Pire, et qu'ils trouvent que le ressort est un peu lâche.
Après le repas de midi, Starkweather nous annonça
l'enterrement du commandant le 8 septembre et que l'expédition continuerait
malgré tout. J'allais voir Moore ensuite pour lui parler de nos soupçons et il
m'annonça que des gens de la sécurité avaient été engagés en plus, et qu'il
avait beaucoup apprécié ma prise d'initiative durant leur absence de ce matin,
durant laquelle ils firent une conférence de presse sur la mort de Douglas et
ensuite leur interrogatoire par l'inspecteur.
Je voulais décorer la salle de l'armateur, qui servait de
bureau à Moore, d'un petit écriteau inscrit bureau de l'expédition Starkweather
– Moore que je commandais à Pire. Avec horreur il écrivit Starkweather – Moore
– Pire. Je le mis quand même en place après avoir, sans succès, essayé de
cacher le Pire. L'ouvrage en bois gravé était superbe et de grande qualité. Il
finit par décorer la cabine du professeur Pire.
Greene, Gills (toujours en train de parler, et jamais en
train de bosser) et Dewitt invitèrent Starlight, moi-même, Pire et Cykes à
sortir dans un cabaret. Allan « Colt » nous rejoignit. Emmenés dans
un bar d'un quartier à l'écart de Manhattan, avec une entrée au mot de passe
« Charleston. », ça sentait le bar clandestin proposant de l'alcool
en cette période de prohibition.
Pire, Gills, Greene et
Dewitt et plusieurs autres burent de je ne sais quoi, peut-être de cet alcool
de contrebande qu'on appelle Moonshine... la bouteille, de couleur olivâtre et
marquée d'une croix noire, ne m'inspirait pas confiance du tout. Ils finirent
par montrer des signes d'alcoolisation rapide aiguë et faisaient peur à voir.
Seul Gill semblait être encore capable de pensées cohérentes. Starlight fut la
star de la soirée, étant constamment invitée à danser. La partie de poker fut
agréable mais la soirée fut interrompue sans surprise par l'arrivée de la
police.
Optant pour la fuite, Greene ramassa les bouteilles, Gills
la moonshine, Dewitt les bouteilles de la table d'à coté et moi l'argent de la
partie. Petite course-poursuite dans les rues sombres de la Grosse Pomme alors
que la police nous poursuivait. Devant un barrage de police je hurlais de
courir et notre équipe de bras cassés força le barrage, assomma les deux
policiers avec des bouteilles d'alcool et vola une voiture de police. La laissant
quelques quartiers plus loin, nous finîmes par rejoindre notre hôtel avec
quelques bouteilles d'alcool sans
7 septembre :
Pratiquement tout le monde qui avait participé à la sortie
d'hier, à part moi et Gills, furent convoqués par Starkweather le lendemain
matin. Des journaux, avec leurs photos, avec des articles intitulés «L'expédition
Starkweather brise la glace ! » « Starkweather, et avec des
glaçons ? » étaient le sujet de cette réunion impromptue et leur
impact sur la réputation de notre expédition. Dewitt échappa à de véritables
poursuites malgré son agression d'un policier grâce à son prestige de héros de
guerre et de stars de cinéma. L'autre agresseur, Greene, dû faire appel à des
faveurs pour s'en sortir. Le reste dû payer de lourdes amendes. Starkweather et
Moore étaient en colère envers les fêtards identifiés et un couvre-feu fut
instauré.
Extrait du Guardian :Starlight under the weather ?Alors que l'expédition Starkweather – Moore, voir Starkweather – Moore -Pire d'après certaines rumeurs, semble frappée par plusieurs problèmes mettant en jeu son départ avancé au 9 septembre, une escapade de plus rajoute à la triste réputation des membres de cet équipage. Déjà, celle que l'on nomme Starlight aurait fait des avances au capitaine Starkweather (montrant l'inadaptation des femmes aux travaux réservés aux hommes) avait fait perdre de la crédibilité à l'expédition, mais hier plusieurs membres de l'équipe ont été impliqués dans une attaque contre des forces de police.Cette dernière ayant fait une descente pour arrêter des violeurs de la loi sur la prohibition d'alcool, tomba sur une demi-douzaine de membres de l'expédition. Ces derniers, passablement ivres et hostiles, essayèrent d'échapper aux forces de police et ensuite agressèrent les officiers, avant de voler une voiture de fonction.
Je rendis plus tard l'argent aux joueurs de poker, mais
Dewitt et Greene me laissèrent leur part.
8 septembre :
C'était l'enterrement du commandant Douglas. Je m'étais
proposé pour aller assister à la cérémonie, et j'étais accompagné par de
nombreux volontaires d'office. Tous ceux qui avaient été attrapés par la police
m'accompagnaient maintenant. Starkweather et Moore étaient là, d'office, le
capitaine de la Gabrielle et quelques personnes inconnues : des marins, et
visiblement celui qui était le frère du disparu.
Phillip Douglas me déclara que son frère ne voulait pas
participer à cette seconde expédition, et avait été très surpris d'apprendre sa
participation dans la presse. Il était accompagné de son avocat, monsieur Barkman qui lui avait
appris qu'il était mort au port. Il devait rencontrer son frère avant le départ
de l'expédition, et il me confirma que le commandant Douglas avait été
traumatisé par la précédente expédition. Je négociais avec eux pour que les
livres, dont le livre de bord de l'Arkham, me soit expédié à une de nos
escales une fois que la police n'en auraient plus besoin.
Alors que je revenais, quelqu’un essaya de me voler mes
notes. Je l’en empêchais, et il se présenta comme Hawkes, un journaliste. Il me
promit 100 $ contre une information croustillante, et je lui dis que miss
Starlight était en froid avec Starkweather. Accroché, il me promit 1000 $ pour
voir nos cabines. Il me donna rendez-vous au Marin Antillais, en face de notre
hôtel.
J’allais voir Moore et je lui proposais mon plan :
puisque nous avions mauvaise presse au vu des derniers articles, pourquoi ne
pas essayer de changer la donne. Emmenons un journaliste avec nous, qui
racontera nos aventures, montrant que nous sommes des professionnels, mais
aussi des hommes et que la petite escapade n’était qu’une série de malentendus
et d’une envie de fêter notre départ.
Le soir, j’allais rencontrer le journaliste et l’emmenait à
notre hôtel. Il ne me donna que 600 $ pour voir la chambre de Miss Starlight,
mais il fallut voir sa tête lorsque je lui dis que je l’emmenais avoir le scoop
de sa vie et qu’il se retrouva enrôlé dans notre expédition. Le journal de M.
Hawkes sauta sur l’occasion de ce reportage exceptionnel mais le pauvre homme
n’était pas aussi enthousiasmé ! Un petit tour chez le médecin, une rapide
préparation de bagages, et il était maintenant avec nous pour notre voyage en
bateau, et peut-être plus d’après Starkweather !
Voici une courte interview de Aleskeï Stakhanov, un expert en Minage et en artifice venu de l’URSS et travaillant sur l’expédition Lexington.AP : Nos lecteurs aimeraient savoir pourquoi vous avez quitté l’URSS pour rejoindre cette expédition à fonds Américains ?AS : Miss Lexington cherchait les meilleurs des meilleurs, et j’étais de ceux-là. Elle a joué des pieds et des mains pour obtenir mon soutien, mais en vertu du caractère scientifique et international de l’expédition, il semble qu’elle est réussie.AP : Que pensez-vous des derniers déboires de l’expédition Starkweather- Moore –Pire, si on en croit les derniers ragots ?AS : S’ils ont le temps de se préoccuper des affaires de cœur de Starkweather et préfère aller boire plutôt que de travailler, ils ne sont pas dignes de l’exploit qu’ils essayent de rafler devant Miss Lexington.
9 Septembre :
La journée débuta avec un déjeuner très copieux et une
petite harangue. Le reste de la journée sera consacrée à finir le chargement,
l'ensemble de notre matériel ayant été vérifié et le départ annoncé au soir.
Hawkes se présenta au reste de l’expédition comme un journaliste
d'investigation chargé d'écrire sur les évènements sociaux et scientifiques.
Le chargement des affaires personnelles est planifié pour
midi. L'attribution des cabines donna la cabine 11 à Starlight alors que je
finissais dans la cabine 13 avec quelques autres, le papier sur la cabine
indiquant Packard – Pire -Winthrop. Les autres scientifiques se trouvaient
comme nous dans ce que les marins appelaient le Roof près des moteurs, le personnel technique se trouvant à
l'arrière près des hélices. Nous verrons bien lequel des deux groupes sera le
moins dérangé par le bruit.
Le matin j'allais chez maître Barkman pour y transmettre
l'adresse de notre arrêt au Panama et y déposer (contre reçu !) 350 $ comme
avance pour l'envoi des livres. Je rejoignis ensuite mes compagnons sur le
navire, et vit le petit manège des malles : certains n'avaient pas prévu que
les cabines de 4 personnes seraient si exiguës et durent faire du tri dans
leurs affaires. Le chargement pris un peu de retard, et à 18H le bateau se mis
en branle. Tout trembla et vibra pendant un moment alors que les machines se
lançaient.
J'accrochais sur la porte de notre cabine le fouet que
j'avais ramené de mon expédition au Yucatán. Je ne savais pas du tout m’en
servir, mais il y avait une sorte d’effet porte-bonheur dans ceci. Le fouet
restera accroché jusqu’à mon retour sur les côtes américaines.
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