Une colonne de fumée noire s'élève à l'horizon, un des
géologues nous expliqua qu'il s'agissait d'un volcan en activité. Sa présence
explique pourquoi la mer de Ross n'est pas gelée : les eaux sont réchauffées
par la température des roches volcaniques. Comme le fait remarquer Ann, le
réchauffement est relatif.
La Gabrielle s'est échouée sur la banquise comme prévu et le débarquement débute. Les guides ont délimité une zone sécurisée où l'ont peut marcher sans risque de tomber dans une crevasse, et les tracteurs commencent à sortir de terre. 4 équipes sont formées pour commencer à décharger et monter le matériel. Le roulement est difficile sur le corps : 6 heures de travail suivies de 6 heures de repos.
Vêtu très chaudement, nous
ressemblons aux manchots empereurs et de la terre Adélie qui nous observent avec curiosité, voir nous
rendent visite pour les plus courageux. Pire, alors qu'il participait au
montage du premier tracteur, se retrouva la main gelée contre le métal. Il y eu
des volontaires pour pisser afin de le décoller. Et s'il fut le premier à
souffrir de cette mésaventure, il ne fut pas le dernier, et parmi eux certains
qui s'étaient moqué de lui.
15 Novembre :
Le camp temporaire, à quelques centaines de mètres du bateau,
est installé, des tentes ont été montées et une piste à été damée par les
tracteurs. Starlight partit avec l'avion de reconnaissance … mais aussi avec
des fanions et des tentes qui étaient restés attachés au câble d'amarrage que
notre pilote avait oublié de détacher. Nous n'avions plus que 14 tentes.
Starlight fut charriée pendant un moment avec cette affaire.
Benjamin renomma les deux tracteurs Couille Gauche et
Couille Droite. On ne sait pas pourquoi, il nous dit que le premier
était hypothéqué.
16 Novembre :
Je restais pour superviser le camp temporaire pendant que
Moore et Starkweather allaient inspecter le camp permanent.
Finskarsson avait tué l'un des gros phoques du coin, un
phoque de Wedell, pour en nourrir ses chiens. Il en propose aux membres de
l'expédition, nous sommes plusieurs à essayer, mais c'est dégueulasse.
Visiblement, c'était la cuisine plus que la viande elle-même qui était
responsable de ce résultat immangeable.
Au soir, j'appris que l'expédition Lexington a survolé le
pôle avec son appareil de reconnaissance. Je transmis l'information au camp de
base, information qui ne fut pas reçu avec joie. Le capitaine Starkweather
s'enferma dans sa tente.
17 Novembre :
Au matin, un horrible bruit de craquement nous réveilla. Une
crevasse d'une vingtaine de mètres de large et de plusieurs kilomètres de long
était apparue soudainement et se trouvait à 50 mètres du camp temporaire. Ayant
la responsabilité du camp, j'appelais le camp permanent pendant que Pullaski prenait un traineau avec
des chiens pour aller voir jusqu'où la crevasse s'étendait.
Moore nous fit envoyer des hommes et des avions pour essayer
de sauver autant de matériel que possible avant que le gouffre ne les avale.
Malheureusement, la piste s'effondra en partie, et Starlight eut du mal à faire
décoller le Scott, l'avion de reconnaissance. Elle le planta dans une crevasse,
mais l'appareil ne fut pas endommagé.
Mils voulu sortir l'avion en le poussant, mais notre pilote
l'arrêta. En faisant ainsi, il allait abimer le véhicule. Ann organisa le
remorquage et se mis de nouveau aux commandes. Notre belge vint à son secours
et organisa un starter block. Avec le tracteur, il fallait retenir l'avion pour
lui permettre de lancer le moteur, puis le lâcher. L'opération réussit avec
brio et l'avion partit en l'air.
18 Novembre :
Le Wedell et l'Umberlee, les deux Boeings, débarquèrent des
hommes pour faire des allers-retours afin de sauver autant de matériel que
possible. Malheureusement, au bout d'un moment ils ne purent plus revenir et je
me trouvais devant un dilemme. Nous avions chargé les hommes et la nourriture
dans les deux chariots, mais il restait tant de bidons d'essences. Nous
chargeâmes tout ce que nous pûmes, mais l'un des chariots fut détruit par une
crevasse. J'ordonnais alors à Pire de construire un traineau de fortune pour
emporter plus de bidons d'essence.
Je tentais de descendre sur le traineau pour vider des
bidons, mais je glissais et finis dans la neige. Pire fit arrêter notre
machine, et je réussis à glisser sur le coté du traineau pour remonter au lieu
de me faire écraser. Mais la crevasse s'ouvrit sous le chariot et avala les
bidons. Notre bricoleur voulut couper la corde à laquelle je me raccrochais,
mais il m'entendit et je pus remonter à bord.
Nous n’avions put au final
sauver qu’une dizaine de bidons d’essence, et ceci réduisait nos chances de
pouvoir évacuer le camp principal en cas d’urgence… faute de carburant pour les
Boeings.
Ce sont deux cubes de glace qui arrivent au camp permanent.
Le voyage fut très éprouvant, entassés sur le plateau arrière d’un des
charriots au milieu de ce que nous avions put sauver. Les deux guides s’assurèrent
qu’aucun d’entre nous ne perdent quelque chose de permanent, mais c’est avec un
grand soulagement que nous retrouvons le reste de l’expédition.
Je partage la tente de Pire, Alperin et Dewight. Le belge
assure une ambiance qui réchauffe le cœur.
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